Rendez-vous avec Philippe Poirson (le 14 août 2018)

 Rendez-vous avec Philippe Poirson, auteur du blog Vapolitique.

Merci Philippe d'avoir accepté ce rendez-vous.

Est-ce que je peux d'abord te demander de te presenter avec un bref resume de ton parcours et comment tu en es venu a créer le blog Vapolitique?

Philippe Poirson: Je suis très honoré de ta sollicitation. J’ai un parcours plutôt chaotique. J’ai été dans la « culture alternative », un milieu associatif et revendicatif. J’ai aussi été menuisier, mais je n’y ai travaillé que quelques années à cause de problèmes de santé. Du coup, j’ai repris des études universitaires en philosophie et ethnologie, avec un intérêt pour les questions épistémologiques, à la fois « populaires » et sur la science. Un peu par hasard, j’ai ensuite été journaliste dans un quotidien local. Pour des raisons sur lesquelles je passe, je suis tombé en dépression aiguë. Cela m’a amené à participer à des groupes d’auto-support, avec différentes approches. Dans mon parcours de « rétablissement », j’ai voulu arrêter de fumer pour reprendre un peu de maîtrise et surtout parce que mon fort tabagisme après près de 30 ans avait des conséquences sensibles sur ma santé.

J’ai fait différentes tentatives avec ce que je pouvais : patchs, gommes, hypnose, etc. Je craquais toujours après quelques semaines. Et en avril 2014, j’ai essayé le vapotage, avec pas mal de réticences au départ. Même si cela n’a pas été simple les premiers mois, parce que, par crainte, je me sous-dosais en nicotine, j’ai arrêté de fumer à partir du moment oùj’ai commencé de vapoter. Du coup, j’ai voulu en savoir un peu plus sur le sujet. J’ai commencé à découvrir la problématique avec des choses auxquelles je ne m’attendais pas au départ. J’ai créé le blog pour consigner par écrit un mélange de notes pour mémoire et de tentatives de synthèse sur certains aspects. Parfois aussi des textes plus réactifs. Ces derniers mois, je me suis senti la force de m’investir un peu plus dans des organisations dans lesquelles j’étais déjà actif, et j’ai intégré le comité de Sovape puis celui d’Helvetic Vape ce printemps.

Q1. Quand je regarde les sujets de tes dix derniers billets de cette fin juillet/début août, je vois qu'ils portent sur 8 pays differents (Royaume Uni, Allemagne, Italie, Grece, Australie, France, USA, EU). Il faut attendre le 15 juillet pour lire une analyse sur ce qui se passe en Suisse. Comment fais-tu pour avoir une approche si internationale?  

Philippe Poirson: Comme Olivier te l’a expliqué, en Suisse on a subi une prohibition de la vente locale des liquides nicotinés. Juste après son interview ce printemps, le Tribunal administratif fédéral a invalidé cette interdiction, une décision que l’on espérait depuis longtemps. Au moment où j’ai créé le blog en 2015, je voulais réfléchir à cette situation. Il m’a paru nécessaire de la comparer avec ce qui se passait dans d’autres pays pour mettre en relief ce gâchis de santé publique. En dehors du Pr JF Etter, les élites anti-tabac en Suisse sont soit anti-réduction des risques primaires, soit manquent de courage pour oser nous soutenir. Pour construire une argumentation, et aussi par curiosité, je me suis peu à peu intéressé à différents pays. Et j’essaie de faire le suivi.

Cette dimension du blog est aussi une manière de penser global, agir local que j’ai hérité de la culture alternative. Historiquement, la cigarette a été un objet intime de l’époque industrielle. Elle a pu se répandre grâce à la machine de Bonsack, puis elle a agi à son tour sur la société. Par exemple, en formatant le rythme de travail, avec les fameuses pauses cigarettes, elle s’est immiscée dans la politique en étant à un moment un support symbolique au féminisme, elle a influencé la culture à travers le marketing… Sa déchéance est logique après la rupture socio-technique impulsée par l’électronique.

D’une part la miniaturisation des composants a permis la mise au point des appareils de vapotage et d’autre part les réseaux informatiques ont créé les conditions d’échanges entre usagers et producteurs. Cela a court-circuité les barrières qui avaient empêché de précédentes inventions similaires, comme la Favor ou le brevet d’Herbert Gilbert, de se développer et se répandre. La dimension globale de ce chamboulement appelle à essayer d’avoir une large vue internationale. Aussi sur les différentes dimensions dont le phénomène vape est l’intersection : sociale, sanitaire, politique, culturelle, scientifique et évidemment éthique. Je n’y arrive pas totalement évidemment mais c’est l’intention.

Q2. J'ai accès a un service qui sélectionne pour chaque jour de la semaine les infos publiées en anglais dans le monde entier sur le vapotage: en moyenne il y a au moins 100 depêches par semaine. On est donc tres vite noyé dans cette surabondance difficile à digérer qui par ailleurs (peut-être est-ce dû a la recherche exclusive en anglais) rate beaucoup d'infos que tu analyses.

Peux-tu nous parler de la facon dont tu sélectionnes les infos que tu choisis d'analyser, as-tu des correspondants qui te signalent les infos dans leur pays et leur langue respective ou es-tu multilingue?

Philippe Poirson: C’est « marrant », je n’avais pas vraiment réfléchi à comment je procède avant ta question. Cela peut être assez divers. Une source que j’utilise beaucoup, au moins comme « signal » de potentiel sujet pertinent, c’est le contenu des sites, blogs, les tweeters de la « vaposphère » qui partagent souvent des infos plus intéressantes que les médias mainstreams. J’ai quelques lecteurs fidèles qui me font remonter des infos, et aussi quelques contacts privilégiés avec des acteurs, dans des associations d’usagers ou de sites d’infos. Je parle mal mais je lis l’anglais, l’italien et l’espagnol. Ensuite je recoupe, avec une démarche classique de journalisme. Une chose est que mon blog n’est qu’un blog, pas un média d’info même spécialisé. Je fais l’impasse sur un tas d’infos car je sais qu’elles seront traitées ailleurs, notamment par le Vaping Post qui fait un bon travail sur ce domaine pour les lecteurs francophones.

Comme tu le signales, la masse d’infos peut agir comme une nouvelle forme de censure, par inondation de messages biaisés ou insignifiants. Dans ce contexte, l’enjeu me semble être de partager des clefs de lecture pour donner du sens aux événements. La vape ne peut pas faire l’impasse de nourrir une culture de réduction des risques indépendante pour accompagner son développement.

Q3. Tu évoques fréquemment ces derniers temps les questions de taxation (au niveau de l'Union Européenne, au niveau national pour le Royaume Uni, la Grèce, l'Italie) et leurs consequences négatives. Quelles leçons tires-tu de ces différentes histoires? Certaines stratégies fonctionnent-elles mieux? Sont-elles tranférables d'un pays à l'autre? Peut-on imaginer et mettre en place une entraide internationale (ou existe-t-elle peut-être déjà)?

Philippe Poirson: Après avoir déjà fait une consultation sur le sujet en 2016, dont il est ressorti que près de 90 % des répondants rejetaient une taxe anti-vape, la Commission Européenne a remis sur le tapis la question d’un taux plancher de taxe anti-vape imposé à toute l’UE dans son projet de révision des accises tabac. Il y a une consultation publique ouverte jusqu’au 3 septembre, et 16 associations d’usagers ont aussi lancé une pétition contre ce projet. Le sujet est d’actualité. Une chose dont je me suis aperçu est que 14 Etats européens ont implanté des taxes anti-vape, pour bon nombre ces derniers mois (certaines ne sont pas encore en vigueur). C’est probablement le signe que le vapotage a pris des parts de marché aux cigarettes sur lesquelles ces Etats récoltent de grosses sommes. Pourtant, les exemples des premiers pays européens à avoir mis en place une taxation contre la vape sont manifestement des catastrophes.

L’Italie est probablement l’exemple le plus clair. L’État a instauré début 2015 une taxe exagérément élevée en jouant d’un absurde calcul d’équivalence entre liquide de vape et cigarette : 1 mL de liquide est considéré l'équivalent de 10 cigarettes. Au final, la taxation se monte à 4 € plus la TVA, soit près de 5€ par fiole, alors que cette taxe n’est que de 0,77 € sur un paquet de cigarettes chauffées Glo et 1,27 € de cigarettes Iqos, vendues à un prix similaire aux paquets de cigarettes à fumer autour de 5€. Une partie significative des vapoteurs sont retournés aux cigarettes, tandis que d’autres ont eu recours au marché noir. Après son introduction, le secteur s’est écroulé en 2015 avec un chiffre d’affaire divisé par trois, et une vague de faillites.

Un recours a ensuite été déposé devant le Tribunal administratif du Lazio. Les professionnels ont estimé, semble t-il à tort, que ce recours était suspensif. En définitive, l’État italien n’a récolté que des broutilles avec cette taxe: 5 millions € en 2016 alors qu’il tablait sur plus de 115 millions €. A la fin de l’an passé, la Cour constitutionnelle, saisie par le tribunal administratif du Lazio, a validé le principe de la taxe anti-vape et le gouvernement précédent a décidé de mettre le secteur sous la tutelle du Monopole du tabac des douanes pour forcer la récolte de la taxe, avec interdiction de vente par internet. Cela a plongé les vendeurs dans le marasme, et par effet domino le reste du secteur. Le nouveau gouvernement vient de faire passer un amendement pour suspendre temporairement la récolte des taxes. Dans l’attente d’une réforme qui abroge la tutelle du Monopole et la fin de cette taxe, promise pour septembre par le vice-premier ministre Matteo Salvini.

Le bilan est une augmentation d’un million de fumeurs entre 2016 et 2018 en Italie, qui en compte à présent plus de 12 millions, tandis que le nombre de vapoteurs a régressé d’autant, selon les statistiques de l’Istituto Superiore de la Sanità (ISS). Alors que l’Italie était sur une dynamique de report modal de la cigarette vers le vapotage « à la britannique » jusqu’en 2015. Au gâchis de santé publique, s’ajoute la mise en charpie économique du secteur du vapotage professionnel local. Dans un pays qui a désavoué les partis politiques traditionnels, notamment le Parti Démocratique, ce dossier n’a pas redoré leur blason aux yeux des vapoteurs.

Au Portugal, une taxe de 6€ par fiole de 10 mL de liquide nicotiné a été implantée en 2016, puis ramenée à 3€ en 2017. On ne trouve presque pas de liquide avec nicotine en vente légale. D’après des témoignages, les portugais font comme nous faisions en Suisse sous la prohibition, ils donnent gratuitement la nicotine entre vapoteurs. On achète un liquide sans nicotine non surtaxé, puis un don de nicotine est fait dans le liquide. Mais du coup, comme en Suisse à l’époque de la prohibition, le vapotage reste marginal et le tabagisme se maintient au Portugal. En Grèce, où le vapotage a eu un peu plus de temps pour se diffuser, la taxe implantée depuis 2017 a impulsé un marché noir qui dépasse désormais les ventes légales selon le journal Kathimerini.

Les taxes anti-vape protègent le tabagisme, initient d’un côté le développement d’un marché informel et poussent aux achats à l’étranger, et de l’autre réduisent l’offre où seuls les plus gros opérateurs sont capables de résister à la ponction des taxes sur le marché légal. La perte du dynamisme économique fait baisser les recettes des Etats sur la TVA des produits de vapotage, sans qu'elles soient compensées par les nouvelles taxes. C’est vraiment une mesure lose-lose, à part pour les bénéficiaires de la mauvaise santé des fumeurs, autrement dit le secteur de la pharma.

Une autre conséquence est d’ordre politique, comme en a fait récemment la remarque la députée travailliste anglaise Mary Glindon. En assimilant le vapotage aux produits malsains par une taxe comportementale, les Etats poussent les fumeurs à continuer de fumer des cigarettes. Mais cela amène aussi  au moins une partie du public à ne plus croire aux raisons invoquées pour ce type de taxes. Dans le contexte de forte érosion de la confiance du public envers les institutions, les anti-tabac sincères devraient s’inquiéter d’initiatives qui minent la crédibilité de leur discours et de leurs actions. Si une taxe punit aussi bien les vapoteurs pour avoir arrêté de fumer que les fumeurs, le message est que les motivations de ces taxes ne sont pas de santé publique.

Q4. Genève est le siège de l'OMS. Comment analyses-tu la position de l'OMS vis a vis de la vape? Quelle est la position officielle de la Suisse sur ces questions? Quels sont tes sentiments vis à vis de la prochaine conférence des parties qui va s'ouvrir le 1er octobre?

Philippe Poirson: La Suisse a signé mais n’a pas ratifié la Convention anti-tabac de l’OMS. La raison en est l’absence au niveau fédéral de loi spécifique aux produits du tabac. Ce qui fait par exemple, qu’il n’y a pas de limite d’âge de vente au niveau national. La plupart des cantons ont fixé une limite, à 16 ou 18 ans, sauf trois cantons dont Genève. Une loi tabac est en projet. Sa première version a été retournée par le parlement au Conseil fédéral pour être retravaillée sur trois sujets : être moins restrictive sur la publicité des produits du tabac, donner un statut différencié pour le vapotage, et légaliser le snus. Sa seconde version est en cours d’élaboration par l’OFSP au nom du Conseil fédéral. La consultation publique du pré-projet a eu lieu ce printemps. Elle a encore un long parcours parlementaire à effectuer, avec des modifications ou renvois possibles. Les autorités annoncent espérer une entrée en vigueur en 2022. En parallèle, le camp anti-tabac a lancé la récolte de signatures pour un référendum afin de fixer dans la constitution une interdiction totale de la publicité pour les produits du tabac. Un de leurs argument est que sans celle-ci, il est impossible à la Suisse de ratifier la convention anti-tabac (CCLAT) de l’OMS.

Pour la prochaine rencontre CoP 8 à Genève début octobre, je ne crois pas que les autorités Suisses ont déjà communiqué sur le sujet. Lors de la précédente en Inde, les autorités nous avaient simplement dit qu’elles avaient envoyé deux observateurs, dont un a annulé pour raison personnelle. Il devait donc seulement y avoir une personne de l’ambassade sur place. Cette fois, comme cela se passe à Genève, il est probable qu’il y aura une présence officielle au moins pour donner le change au niveau médiatique. Les médias mainstreams font l’apologie sans critique de l’OMS, mais une bonne partie de la population Suisse est plutôt méfiante envers les organismes supra-nationaux. La bureaucratie de l’OMS a beaucoup perdu de sa crédibilité. L’espoir qu’elle pouvait porter dans les années 1980’ d’améliorer la santé au niveau mondial s’est noyé dans son inefficacité, ses arrangements avec les grands lobbys et les multimilliardaires comme Gates, Bloomberg ou Zuckerberg qui l’instrumentalisent à leurs profits.

Concernant le sommet d’octobre, j’ai l’impression que la plupart des vapoteurs se sentent sans prise sur ce qu’il va s’y passer et s’en désintéressent. Il y a des raisons à ça mais ce désintérêt est probablement une erreur. Le pouvoir de nuisance de l’OMS envers le vapotage est inquiétant, a fortiori dans des pays en développement. L’appel de Jagdish Kaur, cadre de l’OMS en Asie, dans une revue de santé publique indienne à criminaliser les vapoteurs, non seulement la vente mais donc bien aussi l’usage, et de suivre les exemples de la Corée du Nord et de la junte militaire de Thaïlande a eu de l’influence, en Asie notamment. D’après le rapport avant la COP8 du Secrétariat anti-tabac (FCTC) de l’OMS, il y aurait à présent trente pays qui interdisent le vapotage. Même si ce rapport de qualité très médiocre ne précise pas ce qui est interdit (vente, usage, nicotine ?) et que ses informations doivent être prises avec précaution.

Le Secrétariat de la FCTC va plus loin qu’une simple orientation de santé publique contre l’intégration de la réduction des risques, pourtant spécifiée dans sa charte par le premier article (d). C’est clairement un soutien et un appel à des violations des droits humains. Notamment, il est scandaleux que Jagdish Kaur n’ait pas été virée après son article honteux. Aussi, le partenariat du bureau anti-tabac de l’OMS et de la junte militaire thaïlandaise, qui est propriétaire du Monopole du tabac national, entre aussi en violation avec la propre convention que ce bureau est censée faire appliquer, en plus du sordide de collaborer avec un tel régime.

Le constat d’un Secrétariat de la FCTC hors contrôle se confirme à la lecture du rapport préliminaire à la COP8 où il prétend que sa proposition de résolution pour interdire ou restreindre le vapotage, y compris en criminalisant les vapoteurs, a été acceptée à la COP 7 de New Delhi alors que les délégations du Canada, de l’Union Européenne et du Royaume-Uni avaient refusé de l’entériner. Il serait incompréhensible et inacceptable que les pays démocratiques ne réagissent pas pour, au minimum, recadrer le bureau anti-tabac de l’OMS lors de la CoP8.

Il est possible que cette dérive du bureau dirigé par Vera da Costa provienne de l’influence croissante de Michael Bloomberg et ses partenaires Zuckerberg et Gates. Ils ont de toute évidence un projet mégalo de contrôle total des comportements sur la population à travers les outils informatiques en partenariat avec la pharma. L’OMS leur sert de plateforme pour leur projet. La répression de la vape pourrait être un pion tactique pour faire passer des mesures liberticides et créer des précédents pour faire reculer les barrières des droits humains. Michael Bloomberg me fait beaucoup penser à Randolph Hearst qui a piloté la prohibition du cannabis dans les années 1930. Après leurs échecs sanguinaires sur le cannabis, les drogues, la sexualité... la question du tabac, qu’ils tentent d’étendre à la nicotine, est le refuge du discours puritain pour imposer une vision autoritaire sur le comportement des populations. C’est probablement la raison pour laquelle ils investissent tant de moyens financiers contre la réduction des risques avec la vape.

Q5. Quelles sont a ton avis les questions sur lesquelles les vapoteurs doivent/devraient se mobiliser en priorité? As-tu des suggestions à faire en ce qui concerne l'organisation et la communication?

Philippe Poirson: Globalement, l’enjeu est celui du droit humain à la réduction des risques pour sa propre santé. Mais les situations sont très différentes selon les pays. Difficile de dire quelque chose pour tout le monde, d’autant plus que je suis perplexe ces derniers temps. A part au Royaume-Uni, force est de constater que les bureaucraties anti-tabac font barrage à la réduction des risques pour conserver leurs prérogatives, leurs subventions et le financement du lobby pharma. Je viens de lire un article d’El Pais qui rend compte que plus de 70 % des vapoteurs espagnols ont arrêté de fumer. Au lieu de s’en réjouir, la réaction de Francisco Lozano, directeur de l’ENSP, est une apologie de l’arrêt tabagique sans aide. Alors que l’on sait qu’il y a environ 95 % d’échec ainsi. Mais son organisation est financée à coup de millions d’euros par la Commission Européenne pour, entre autres dénigrer, les vapoteurs.

En France, la vape est de loin le principal moyen utilisé par les fumeurs pour arrêter les cigarettes. Mais il n’y a aucune formation à la réduction des risques à l’aide du vapotage dans les cursus des professionnels de santé, aucune information sérieuse au public de la part de Santé publique France, la ligne téléphonique de Tabac Info Service, gérée par une entreprise privée liée à la pharmaceutique, dénigre le vapotage et promeut les produits pharmaceutiques… C’est le moyen le plus utilisé mais rien de sérieux n’est fait pour le soutenir. Pourtant, comme Nathalie te l’a expliqué, lors du dernier Mois Sans Tabac, il y a eut un groupe d’entraide autogérée par des vapoteurs sur Facebook qui montre l’intérêt d’une démarche d’auto-support avec la vape, que l’on a analysé avec Sovape.

Pendant ce temps, des organisations soi-disant anti-tabac subventionnées mettent plus d’énergie à répandre le doute et combattre l’arrêt du tabac avec le vapotage que le tabagisme. Il y a quelques soutiens de dirigeants et de figures anti-tabac sincères qui voient la vape comme une opportunité pour réduire les maladies liées au tabagisme, mais la majorité des élites préfèrent défendre leurs intérêts à conserver un système dont elles vivent.

En Suisse, la situation est encore pire. Depuis dix ans, le tabagisme se maintient à plus de 25 % et celui des jeunes romands atteint près de 40 %. Mais les élites anti-tabac refusent toute approche de réduction des risques pour aider les fumeurs à s’en sortir. Leur soutien à la répression de la vape a objectivement maintenu le tabagisme ces dernières années. Mais comme le tabagisme touche surtout les classes sociales inférieures, ils n’éprouvent aucune compassion ni intérêt à faire évoluer leur paradigme autoritaire.

Cela m’amène à douter des possibilités de suivre le modèle britannique d’une intégration paisible de la vape. Même si sur le terrain énormément de professionnels de santé voient l’intérêt du vapotage et pour certains sont ouverts à l’auto-soutien par les pairs. Il y a une coupure de plus en plus grande entre d’une part les professionnels de terrain, les usagers et d’autre part les bureaucraties dirigeantes. A court terme, les anti-réduction des risques réussissent à semer le doute et ralentir la sortie du tabagisme avec la vape. Mais à plus long terme, ils pourraient y perdre leur crédibilité.

Q6. Y-a-t- il autre chose que tu veux ajouter?

Philippe Poirson: Non, je crois que j’ai déjà beaucoup parlé.


Merci Philippe d'avoir pris le temps de repondre a nos questions et merci mille fois pour tout le travail que tu fournis gracieusement pour nous informer.

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